XYZT Touché par la lumière
Petit, lorsque j’allais dans les musées, il y avait un dogme : “On ne touche pas une oeuvre d’art !”.
Si je m’approchais à moins d’un mètre d’un tableau, d’une sculpture, je m’exposais au regard réprobateur d’un parent ou d’un gardien. A moins de 50 cm, la baffe – des parents seulement – arrivait en rase-mottes, sans sommation.
Je demandais pourquoi. On me répondait, selon le niveau d’inculture : “Parce que !” ou “C’est fragile !” ou “ L’art, ça se respecte.” J’acceptais aisément l’argument de la fragilité. En revanche, je comprenais mal celui du respect. On peut toucher avec respect. Beaucoup de mes amies vous le confirmeront. Bien sûr, certaines œuvres sont fragiles. Le passage de milliers de mains reste incompatible avec leur conservation. Mes amies vous le confirmeront, aussi et, à ce propos, cet ancien article du Monde fait allusion, avec humour, avec ce que l’on risque à trop toucher l’art.
Mais comment s’empêcher de toucher une oeuvre quand c’est elle qui a commencé par vous toucher, au plus profond de vous-même ? Alors, l’art s’est mis à produire des œuvres abattant explicitement la barrière avec leur spectateur. (En 1910, l’art cinétique proposait des installations où le spectateur était à l’origine du mouvement.) Aujourd’hui, les pièces à toucher sont nombreuses. La rétrospective Takis du Palais de Tokyo en donnait au moins deux exemples : le grand gong, et les plaques magnétiques.
On ne peut pas (encore) toucher la lumière mais on peut dialoguer avec. A défaut de pouvoir tenir un photon dans sa main, XYZT propose dix installations qui immergent dans la lumière et invitent à jouer avec elle. Elle rappelle Play of Brilliants présentée à Eléphant Paname en mars 2015 mais son interactivité est plus poussée, systématique : La lumière vous suit, s’écarte à votre passage, vous évite, vous habille, répond à votre souffle, danse avec vous, vous déforme.
Comme toute exposition à base de lumière, XYZT est idéale pour les photographes mais si la lumière est présente, elle reste rare. Vous serez essentiellement dans le noir. Il faudra travailler aux hautes sensibilités, aux grandes ouvertures, aux vitesses lentes. Avec un peu de patience, le résultat peut être surprenant (cf. mes photos qui défilent dans la galerie en tête de cet article ou bien la série sur mon blog). XYZT vaut la peine de se poser et de prendre son temps de photographe.
Deux conseils :
1 – Allez-y avec votre appareil photo et vos enfants, mais surtout pas les deux en même temps.
2 – A la caisse, pour simplifier le travail de la caissière déjà lasse, ne demandez pas de tickets pour kzite ou xiste ou kssitze. Pourquoi pas kyste tant que nous y sommes. Epelez gentiment x, y, z, t. Ca sera plus simple pour tout le monde.
Vous avez jusqu’au 3 janvier. Tous les détails ici